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Suspendu pour cinq ans, Ahmad Ahmad fait une descente aux enfers

Trois ans seulement aprÚs sa surprenante victoire devant le dinosaure Issa Hayatou, le Malgache tombe de son piédestal. En effet,


Ahmad Ahmad

Trois ans seulement aprÚs sa surprenante victoire devant le dinosaure Issa Hayatou, le Malgache tombe de son piédestal.

En effet, le coup de grĂące est portĂ© dans la matinĂ©e du 23 novembre par la chambre de jugement de la Commission d’éthique indĂ©pendante de la FĂ©dĂ©ration internationale de football amateur (FIFA).

La justice interne de l’instance faĂźtiĂšre du foot mondial interdit au prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration africaine de football (CAF) d’exercer, durant cinq ans, toute activitĂ© relative Ă  ce sport. Une peine assortie d’une amende de 200.000 francs suisses, soit 121 milliards F CFA.

Ahmad Ahmad (60 ans) est jugĂ© coupable d’avoir enfreint les articles 15 (devoir de loyautĂ©), 20 (acceptation et distribution de cadeaux et autres avantages) et 25 (abus de pouvoir) de l’édition 2020 du Code d’éthique de la FIFA ainsi que de l’article 28 (dĂ©tournement de fonds) de sa version 2018.

« Il n’y a pas une grosse surprise. C’était dans les tuyaux. D’autant plus que les prĂ©sidents des fĂ©dĂ©rations sĂ©nĂ©galaise et mauritanienne de foot, proches  d’Ahmad, ont annoncĂ© leur candidature Ă  la prĂ©sidence de la CAF», commente Salif Diallo de l’Agence de Presse SĂ©nĂ©galaise (APS).

L’équipe de communication de l’ancien homme politique malgache soutient que la sentence « n’a pas Ă©tĂ© rendue de façon juste et impartiale ». C’est la raison pour laquelle, les avocats d’Ahmad ont introduit, dans la foulĂ©e, un recours auprĂšs du Tribunal arbitral du sport (TAS). Mais pour M. Diallo, journaliste sportif, « il n’y a pas de fumĂ©e sans feu ». En tout cas, la dĂ©chĂ©ance de ce dirigeant, qui promettait il y a peu « de changer (le) mode de gouvernance » de la CAF, est Ă©clair.

Dans son enquĂȘte, la Commission d’éthique de la FIFA a notamment affirmĂ© qu’Ahmad a organisĂ© un pĂšlerinage Ă  la Mecque (Oumra) aux frais de la CAF. Ce voyage, ayant eu lieu durant le Ramadan 2018, aurait nĂ©cessitĂ© un peu plus de 100 mille dollars (54 milliards F CFA) d’aprĂšs la presse sportive. La dĂ©lĂ©gation Ă©tait composĂ©e du Malgache, de deux membres de son cabinet et de quinze prĂ©sidents de fĂ©dĂ©rations africaines. « Est-ce qu’on doit utiliser l’argent public Ă  des fins privĂ©es ? », s’interroge Salif Diallo.

Bien sĂ»r que non ! Mais dans la sphĂšre footballistique, la rumeur d’un complot ourdi par Gianni Infantino, le patron de la FIFA, se rĂ©pand Ă  la vitesse d’un ballon. « Les juges sont partis des faits. Jusqu’à la preuve du contraire, la Commission d’éthique de la Fifa est indĂ©pendante. C’est elle qui avait sanctionnĂ© Michel Platini et Sepp Blatter », rappelle ce membre de l’Association Nationale de la Presse Sportive du SĂ©nĂ©gal (ANPS).

A l’ùre du foot business, les confĂ©dĂ©rations gĂšrent des budgets mirobolants grĂące notamment Ă  la cession des droits TV pour les compĂ©titions internationales que s’arrachent surtout les chaĂźnes spĂ©cialisĂ©es. « Dans un passĂ© rĂ©cent, ceux qui s’occupaient du sport au SĂ©nĂ©gal avaient du temps. Car ils ne travaillaient pas. Maintenant, il y a des milliards en jeu. Et cela attire forcĂ©ment d’autres profils », explique Salif Diallo.

En effet, l’ñpretĂ© de la concurrence dans les Ă©lections au niveau des instances nationales et internationales est un indicateur de l’attractivitĂ© exponentielle de ces postes. « Il y a de plus en plus d’argent. Si l’on ne met pas en place des mĂ©canismes qui permettent de bien gĂ©rer ces fonds, il y aura toujours des suspicions », prĂ©vient M. Diallo.

Rappelons qu’Ahmad Ahmad a Ă©tĂ© Ă©lu prĂ©sident de la Caf lors de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale tenue le 16 mars 2017 Ă  Addis Abeba (Ethiopie). A la surprise gĂ©nĂ©rale, le prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration Malgache de Football (FMF) avait rĂ©coltĂ© 34 voix contre 20 pour Issa Hayatou.