« Cela ne date pas d’aujourd’hui », selon Thierry Rakotonarivo

La question d’un million de cartes d’identité nationale (CIN) ayant les mêmes numéros inscrites dans la liste électorale reste encore d’actualité. Face aux polémiques que sa révélation a faites dans le microcosme politique national, le vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Thierry Rakotonarivo, a apporté des précisions hier. « Cela ne date pas d’aujourd’hui et encore moins de 2018 ou les deux tours de l’élection présidentielle, mais bien avant, sous les régimes qui se sont succédé  », a-t-il déclaré.

Dans ses précisions, ce numéro deux de la CENI a ajouté que ces anomalies n’auraient eu aucune conséquence sur le nombre des électeurs et aucune interférence sur le choix des électeurs, donc les résultats des élections. Avec une carte d’identité ayant le même numéro ou non, chaque électeur a fait son choix et personne n’a été obligé de voter pour un candidat précis, explique Thierry Rakotonarivo, oubliant certainement qu’il s’agit avant tout des anomalies et donc des irrégularités.

Pour leur part, les dirigeants actuels tentent de se dédouaner de toute responsabilité dans cette situation. Rinah Rakotomanga, directrice de communication de la présidence a entre autres expliqué hier sur une chaîne de télévision privée de la capitale que la liste électorale utilisée lors de la présidentielle de 2018 a été clôturée le 15 mai de la même année. Elle a donc été conçue par le régime en place à l’époque, autrement dit le HVM. Pareillement, les membres actuels de la CENI ont été mis en place par l’ancien régime et Andry Rajoelina, dès le premier tour de l’élection présidentielle, avait déjà réclamé l’audit des logiciels utilisés par la CENI, a rappelé Rinah Rakotomanga.

En tout et pour tout, les partisans du régime actuel pointent du doigt le régime HVM. Rinah Rakotomanga a accusé particulièrement l’ancien Premier ministre de l’époque, Olivier Mahafaly Solonandrasana qui était à la fois chef du gouvernement et ministre de l’Intérieur et de la décentralisation. Il avait, dit-elle, le pouvoir de tout faire pour tenter de manipuler les résultats des élections. D’autant plus qu’il s’est présenté à la présidentielle de 2018.

De leur côté, les ténors du HVM indiquent qu’il était temps pour le régime actuel de mettre la lumière sur cette situation. « C’est très grave qu’on ne puisse plus se fier à la carte d’identité nationale », a déclaré Rivo Rakotovao. Avec le secrétaire national du parti, Mohamed Rachidy, il demande ainsi à ce que l’Etat ouvre une enquête sur cette situation pour que la vérité soit connue et rendue publique. Ces responsables de l’ancien régime interpellent également les candidats des précédentes élections tenues dans le pays à réagir en argumentant que c’est le pouvoir suprême des citoyens qu’on bafoue actuellement.

Cet appel n’a pas tardé de faire des échos auprès de l’ancien président de la République, Marc Ravalomanana. En effet, le président national du TIM et non moins candidat malheureux du deuxième tour de la présidentielle, envisagerait de demander une annulation des résultats des élections suite à ces révélations de la CENI. Le secrétaire général de ce parti de l’opposition, Rina Randriamasinoro, lui déclare que ces révélations n’étaient pas fortuites. Le TIM a toujours dénoncé ces anomalies et voilà, la vérité éclate ainsi au grand jour, affirme-t-il.

La question est de savoir pourquoi ces anomalies n’ont été révélé que la semaine dernière et non avant la tenue des élections successives dans le pays, d’autant plus que le vice-président de la CENI indique que ces irrégularités ne datent pas d’hier.

Bilan mitigé de l’Exécutif selon les politiciens

Lors de l’émission télévisée « Don-dresaka » hier sur la chaîne TV Plus, les invités ayant fait une bilan sommaire de la première année de la présidence de Andry Rajoelina, dressent un bilan plutôt mitigé de l’Exécutif.

Le vice-président de l’Assemblée nationale de la province de Fianarantsoa, Jean Brunelle Razafitsiandraofa affirme que « Le président de la République veut aller trop vite, mais son équipe ne suit pas le rythme ». Il ajoute qu’il serait mieux que «  c’est celui qui a fait la conception qui s’occupe de la réalisation ». Le député de Madagascar élu sous la bannière de la plateforme avec Rajoelina reste néanmoins optimiste en déclarant que le mandat du président de la République dure encore 5 ans.

Pour sa part, le coordonnateur général du TIM, Jean Claude Rakotonirina explique que le bilan de l’Exécutif doit être réalisé annuellement par rapport au programme élaboré. Pour ce membre du parti de l’opposition, le bilan de la première année d’Andry Rajoelina serait négatif, parce qu’il est faussé dès le départ à cause de la fusion des ministères et la mise en place des structures. Pendant toute une année, l’Exécutif a perdu tout son temps à mettre en place une structure… pourtant défaillante, regrette-t-il.

Rina Andriamandavy, sénateur du HVM, a quant à lui affirmé que le problème réside dans la confusion entre le Programme général de l’État (PGE) qui aurait été inspiré de l’Initiative pour l’Émergence de Madagascar (IEM) et le projet de société d’Andry Rajoelina lors de sa campagne électorale ainsi que le Plan émergence de Madagascar (PEM) qui devait être le plan d’exécution de cette initiative. « Un an après l’installation du régime en place, ce PEM n’est pas encore mis en place et cela signifie un échec total pour le gouvernement  », déclare-t-il.

Plus de 1 270 000 erreurs dans la liste électorale révisée

1 162 512 d’électeurs, inscrits dans la liste électorale, sont dotés d’un numéro de carte d’identité nationale identique. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a révélé hier cette situation inquiétante. Ce, lors de la présentation des résultats complets de l’opération de révision de la liste électorale qui a commencé au début du mois de décembre 2019. Elle révèle par ailleurs l’existence de 110 629 doublons dans cette liste électorale après la clôture provisoire.

Ainsi, la liste électorale reste truffée d’erreurs comme les politiciens, les électeurs et les organisations de la société civile l’avaient signalé depuis les deux tours de l’élection présidentielle. La CENI qui se dit ne pas responsable de cette situation estime que les opérations de saisie est en partie en cause dans cette situation. Malgré tout, les membres de cet organe en charge de l’organisation des élections dans le pays indiquent qu’ils sont déjà à pied d’œuvre pour tenter de résoudre ce problème.

Concernant particulièrement les doublons, la CENI estime que cela est à cause du changement de domicile d’un électeur d’un fokontany à un autre sans qu’il procède aux démarches officielles prévues à cet effet. Il arrive en effet que l’électeur est inscrit à la fois dans son ancien fokontany comme dans celui de sa nouvelle résidence.

Concernant ces différents noms qui disposent le même numéro de carte d’identité nationale ou encore les doublons, la CENI indique avoir déjà remis les noms qui reviennent le plus souvent auprès des fokontany. Elle lance ainsi un appel au président des fokontany pour sensibiliser la population à effectuer de minutieuses vérifications afin de permettre de retrancher ces noms qui reviennent et ces numéros identiques afin d’assainir la liste électorale.

Pour les autres vérifications, sur les éventuelles erreurs concernant entre autres les informations sur les électeurs inscrits sur la liste, (noms, prénoms, adresse etc….) la CENI indique qu’elle retournera la liste auprès des fokontany au plus tard le 10 mars et les électeurs auront 20 jours pour les corriger. Cette liste sera ainsi officiellement clôturée le 15 mai prochain et devrait servir aux prochaines élections qui auront lieu cette année dans le pays bien que personne ne sache pour l’instant la nature de ces futures élections.

La CENI a par ailleurs révélé que le nombre des électeurs inscrits dans la liste électorale actuelle a connu une augmentation de 2,61%. En effet, 412 151 nouveaux électeurs, des citoyens ayant atteint l’âge de la majorité ont été inscrits dans cette liste grâce à la révision annuelle de la liste électorale. Ceci porte ainsi à 10 568 400 le nombre des inscrits dans la liste électorale.

Soixante-dix cas positifs au Covid-19

La barre des soixante-dix cas franchie. Madagascar a enregistré soixante-dix (70) cas positifs au Covid-19, selon le président de la République, Andry Rajoelina, dans son intervention radiodiffusée et télévisée à la nation, hier. Onze nouveaux cas ont été enregistrés, de jeudi après-midi jusqu’à l’heure où le Chef de l’Etat a pris la parole, hier vers la soirée.

« Parmi ces nouveaux cas, cinq sont à Antananarivo, dont quatre cas contacts, et les six autres à Fianarantsoa, qui sont tous des cas contacts (voir l’article correspondant) », a cité le président de la république.

Il a ainsi indiqué qu’ : « une jeune fille en contact avec le touriste étranger qui s’est déplacé un peu partout dans l’Ile, est parmi les contaminés. Ce touriste a fait un don à Ambatomanga avec cette jeune fille qui s’est par la suite trouvée positive au Covid-19 ».

« Les six nouveaux cas enregistrés sont des cas contacts, tous de nationalité malgache, dont un homme de 49 ans, un adolescent de 16 ans, un homme de 47 ans, un jeune homme de 19 ans, une adolescente de 14 ans et une fille âgée de 20 ans » a révélé hier à 13 heures, la professeure Hanta Marie Danielle Vololontiana, porte parole du Centre de commandement opérationnel de lutte contre le Covid-19 (CCO-Covid-19).

Descente de brigades

Plusieurs villes et régions sont déjà touchées par le virus parmi lesquelles Analamanga, Toamasina, Ambatomanga, Antsirabe, Antsiranana, Morondava, Fianarantsoa et Nosy Be. « Pour juguler la propagation de la maladie et surtout la transmission rapide des cas contacts, des brigades sanitaires effectueront des descentes dans tous les lieux d’identification des cas contacts. Par exemple, aujourd’hui (ndlr : hier), une descente a été faite à Tetezan’i Bekiraro, Isotry, où un enseignant d’un lycée d’Antananarivo a été contaminé en recevant chez lui un couple mixte porteur du virus, un étranger et une Malgache. Les personnes en contact avec cet enseignant ont toutes été ainsi testées », a expliqué le Chef de l’Etat.

Ainsi, deux cent trente-cinq (235) personnes ont été testées au test rapide lors de la descente dans ce quartier, mais les tests se sont tous avérés négatifs, selon encore Andry Rajoelina. Une opération de désinfection a par ailleurs été effectuée dans ce quartier, hier.

« Une descente des brigades sanitaires est prévue pour Ambatomanga et Fianarantsoa, et pour tous les endroits où des cas contacts ont été identifiés, avec des enquêtes sur toutes les personnes en contacts avec les malades », a poursuivi le président.