Le taux de croissance revu à un trÚs bas niveau de 1,5% cette année

Le ministre de l’Économie et des Finances a annoncĂ© hier lors de la publication d’un rapport des financements obtenus dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus que « le taux de croissance Ă©conomique pour 2020 est rĂ©visĂ© Ă  1,5%, contre une prĂ©vision initiale de 5,5% ». Ce sera le niveau de croissance le plus bas que le pays n’ait jamais connu depuis 2010, au lendemain de la crise de 2009, (0,62%, selon une Ă©tude de la Banque mondiale, NDLR). Le taux d’inflation est Ă©galement rĂ©visĂ© Ă  la hausse, de l’ordre de 7,2% contre une prĂ©vision initiale de 6,6%.

Comme dans le reste du monde, l’économie malgache n’est pas Ă©pargnĂ©e et paiera un lourd tribut face Ă  cette crise sanitaire mondiale. Les recettes fiscales et douaniĂšres qui soutiennent entre autres l’économie malgache sont revues Ă  la baisse. Initialement prĂ©vues Ă  7 036,80 milliards d’ariary, elles ne seront plus que de 5 000 milliards d’ariary pour 2020, soit une diminution de l’ordre de 29% par rapport Ă  la loi de Finances initiale. Mais si le ralentissement des activitĂ©s Ă©conomiques va au-delĂ  des trois mois, cette prĂ©vision risque encore d’ĂȘtre plus catastrophique.

MalgrĂ© la conjoncture, l’Etat tente ainsi de faire le nĂ©cessaire pour jouer son rĂŽle de rĂ©gulateur de l’économie. Le ministĂšre de l’Économie et des Finances a indiquĂ© qu’« en sus du budget initialement prĂ©vu pour les secteurs sociaux dans la loi de finances initiale qu’il faut continuer Ă  dĂ©bloquer, les dĂ©penses vont encore augmenter d’environ 724 milliards d’ariary pour soutenir les mesures d’urgences sociales dĂ©cidĂ©es pendant ce ralentissement Ă©conomique ».

Contrairement Ă  la crise politique et Ă©conomique de 2009, Madagascar bĂ©nĂ©ficie cette fois-ci du soutien des partenaires techniques et financiers internationaux pour d’un cĂŽtĂ© contenir la pandĂ©mie et d’un autre soutenir la viabilitĂ© des finances de l’État. Ces « appuis financiers s’élĂšvent Ă  environ 444,10 millions USD », dĂ©clare le ministre Richard Randriamandranto. Il a par la suite ajoutĂ© que certains (de ces financements) sont dĂ©jĂ  dĂ©caissĂ©s et d’autres sont en cours de requĂȘte pour dĂ©caissement. Il prĂ©cise que certains financements ne sont pas initialement prĂ©vus pour la lutte contre le coronavirus, mais ont Ă©tĂ© renĂ©gociĂ©s dans ce sens.

Le FMI allĂšge la dette de Madagascar et de 24 autres pays

Le dimanche de PĂąques, le Pape François a rĂ©clamĂ© l’annulation de la dette de tous les pays pauvres lors de sa traditionnelle bĂ©nĂ©diction « urbi et orbi ». Et la rĂ©ponse du Fonds monĂ©taire internationale (FMI) fut immĂ©diate ou presque. Pas plus tard qu’hier, la directrice gĂ©nĂ©rale de cette institution financiĂšre internationale, Kristalina Georgieva, a annoncĂ© l’allĂšgement immĂ©diat du service de la dette pour 25 pays membres du FMI.

Les pays bĂ©nĂ©ficiaires de cet allĂšgement du service de leur dette sont les suivants : Afghanistan, BĂ©nin, Burkina Faso, Comores, Gambie, GuinĂ©e, GuinĂ©e Bissau, HaĂŻti, Îles Solomon, LibĂ©ria, Madagascar, Malawi, Mali, Mozambique, NĂ©pal, Niger, RĂ©publique centrafricaine, RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, Rwanda, Sao TomĂ©-et-Principe, Sierra Leone, Tadjikistan, Tchad, Togo et YĂ©men.

La premiĂšre responsable du FMI indique que cet allĂšgement de dette approuvĂ©e par le conseil d’administration est au titre du « fonds fiduciaire rĂ©amĂ©nagĂ© d’assistance et de riposte aux catastrophes ». L’objectif est de permettre Ă  ces pays de « consacrer une plus grande partie de leurs faibles ressources aux soins mĂ©dicaux et autres efforts de secours d’urgence vitale ». En effet, cette mesure a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e « dans le cadre des mesures que le FMI prend pour aider ses pays membres Ă  faire face aux consĂ©quences de la pandĂ©mie du Covid-19 ».

Les pays les plus pauvres et les plus vulnĂ©rables recevront ainsi des dons qui couvriront leurs obligations envers le FMI pour une phase initiale de six mois. En vĂ©ritĂ©, grĂące aux engagements rĂ©cents de plusieurs pays donateurs comme le Royaume-Uni, le Japon, la Chine ou encore les Pays-Bas, le fonds fiduciaire peut fournir un allĂšgement du service de la dette sous forme de dons Ă  hauteur d’environ 500 millions de dollars.

La directrice générale du FMI exhorte les autres donateurs à « aider à reconstituer les ressources du fonds fiduciaire et à renforcer davantage notre capacité à offrir à nos pays membres les plus pauvres un allÚgement supplémentaire du service de la dette pendant pas moins de deux ans ».

Par rapport Ă  cette dĂ©cision de l’institution de Breton Woods, le grand Argentier malgache, Richard Randriamandranto a indiquĂ© que cet allĂšgement immĂ©diat du service de la dette rĂ©sulte d’une « nĂ©gociation avec le fonds monĂ©taire ». Il ajoute par ailleurs que d’autres procĂ©dures sont en cours ». Autrement dit, les autoritĂ©s malgaches sont en train de nĂ©gocier d’autres allĂšgements de la dette en identifiant « les aides bilatĂ©rales qu’on pourrait nĂ©gocier ».

Le FMI analyse qu’ « en raison de la pandĂ©mie, l’économie mondiale devrait connaĂźtre une forte contraction de 3% en 2020, soit un recul bien plus marquĂ© que lors de la crise financiĂšre de 2008-09 ». Pour cette institution financiĂšre, « Il est trĂšs probable que l’économie mondiale connaisse cette annĂ©e sa pire rĂ©cession depuis la grande dĂ©pression, soit une rĂ©cession plus grave que celle observĂ©e lors de la crise financiĂšre mondiale il y a une dizaine d’annĂ©es. Selon les prĂ©visions, le « Grand confinement » devrait entraĂźner une forte dĂ©croissance. »

Le coronavirus entraĂźne l’Afrique subsaharienne vers sa premiĂšre rĂ©cession depuis 25 ans

La banque mondiale a rendu public hier son premier rapport trĂšs alarmant sur l’impact Ă©conomique du Covid-19 dans la rĂ©gion Afrique. Ce rapport a Ă©voquĂ© que cette pandĂ©mie entraĂźne l’Afrique subsaharienne, y compris Madagascar, vers sa premiĂšre rĂ©cession depuis 25 ans. En effet, la croissance y est « touchĂ©e de plein fouet par la pandĂ©mie de coronavirus et devrait se rĂ©tracter fortement entre 2019 et 2020, passant de 2,4 % Ă  une fourchette comprise entre -2,1 et -5,1 % ».

« La pandĂ©mie de Covid-19 teste les limites des sociĂ©tĂ©s et des Ă©conomies du monde entier, et elle risque de porter un coup particuliĂšrement dur aux pays africains », dĂ©clare Hafez Ghanem, vice-prĂ©sident de la Banque mondiale pour l’Afrique. « Nous mobilisons un maximum de ressources pour aider les pays Ă  rĂ©pondre aux besoins mĂ©dicaux immĂ©diats et essentiels Ă  la survie de leur population. C’est pourquoi nous appelons les crĂ©anciers bilatĂ©raux officiels Ă  un moratoire du service de la dette qui permettrait de libĂ©rer des liquiditĂ©s indispensables pour renforcer les services de santĂ© afin de faire face au COVID-19 et sauver des vies, financer les filets de protection sociale pour prĂ©server les moyens de subsistance, aider les travailleurs qui ont perdu leur emploi, soutenir les petites et moyennes entreprises et assurer la sĂ©curitĂ© alimentaire. »

Les auteurs du rapport recommandent ainsi aux dĂ©cideurs africains de concentrer leur stratĂ©gie sur l’objectif de sauver des vies et de protĂ©ger les moyens de subsistance, en s’attachant Ă  renforcer les systĂšmes de santĂ© et Ă  rĂ©agir rapidement pour minimiser les perturbations dans les chaĂźnes d’approvisionnement alimentaire. Ils prĂ©conisent Ă©galement de dĂ©ployer des programmes de protection sociale, en recourant notamment aux transferts monĂ©taires, Ă  des distributions d’aliments et des dispenses de redevances, afin de venir en aide aux mĂ©nages et, en particulier, aux travailleurs du secteur informel.

L’analyse chiffre les pertes de production liĂ©es Ă  la pandĂ©mie de Covid-19 entre 37 et 79 milliards de dollars en 2020, sous l’effet conjuguĂ© de plusieurs facteurs : la dĂ©sorganisation des Ă©changes et des chaĂźnes de valeur, qui pĂ©nalise les exportateurs de produits de base et les pays fortement intĂ©grĂ©s dans les filiĂšres mondiales ; la rĂ©duction des flux de financement Ă©trangers (transferts de fonds des migrants, recettes touristiques, investissements directs Ă©trangers, aide Ă©trangĂšre) et la fuite des capitaux ; l’impact direct de la pandĂ©mie sur les systĂšmes de santé ; et les perturbations consĂ©cutives aux mesures de confinement et Ă  la rĂ©action de la population.

Les auteurs insistent sur la nĂ©cessitĂ© d’apporter une rĂ©ponse politique adaptĂ©e reflĂ©tant la structure des Ă©conomies africaines (notamment la place importante du secteur informel) et les contraintes spĂ©cifiques auxquelles sont confrontĂ©s actuellement les responsables politiques, en particulier la rĂ©duction des marges de manƓuvre budgĂ©taires, les risques accrus de surendettement et le manque global de capacitĂ©s opĂ©rationnelles pour rĂ©pondre Ă  la crise.

Par ailleurs, le Groupe de la Banque mondiale prend des mesures rapides et de grande envergure en vue d’aider les pays en dĂ©veloppement Ă  renforcer leur action contre la pandĂ©mie et Ă  amĂ©liorer la veille sanitaire et les interventions de santĂ© publique, tout en soutenant le secteur privĂ© pour permettre aux entreprises de poursuivre leurs activitĂ©s et maintenir les emplois. Il prĂ©voit d’apporter jusqu’à 160 milliards de dollars de financements au cours des 15 prochains mois, afin d’aider les pays Ă  protĂ©ger les populations pauvres et vulnĂ©rables, soutenir les entreprises et favoriser le redressement de l’économie.

Le vice-président Hervé Andriamanantsoa défend les révélations de Thierry Rakotonarivo

Visiblement, il y a de l’eau dans le gaz au niveau de la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (CENI) Philibert HervĂ© Andriamanantsoa, un autre vice-prĂ©sident de cet organe est revenu sur l’existence des anomalies dans la liste Ă©lectorale dimanche. Lors d’un dĂ©bat tĂ©lĂ©visĂ© sur une chaĂźne privĂ©e de la capitale, il a expliquĂ© que c’est dans le cadre de l’opĂ©ration visant Ă  amĂ©liorer la qualitĂ© de la liste Ă©lectorale que les informations concernant les doublons et les cartes d’identitĂ© nationale ayant eu les numĂ©ros identiques ont Ă©tĂ© lancĂ©es afin que les citoyens, les Ă©lecteurs puissent y apporter des corrections.

Ce vice-prĂ©sident de la CENI indique que depuis 2015, Ă  l’issue de l’opĂ©ration de rĂ©vision annuelle de la liste Ă©lectorale, l’organe ne cesse de sensibiliser les Ă©lecteurs Ă  vĂ©rifier et Ă  corriger les informations les concernant en cas d’erreurs. « Les rĂ©vĂ©lations des anomalies concernant les cartes d’identitĂ© nationale font partie de l’opĂ©ration visant Ă  rendre sincĂšres les informations concernant les Ă©lecteurs », prĂ©cise-t-il.

Cette intervention tĂ©lĂ©visĂ©e de Philibert HervĂ© Andriamanantsoa semble discrĂ©diter la demande de destitution de Thierry Rakotonarivo dĂ©posĂ©e par Hery Rakotomanana, prĂ©sident de la CENI, auprĂšs de la Haute cour constitutionnelle (HCC), jeudi et dont la rĂ©ponse est trĂšs attendue cette semaine. Ses explications indiquent que tous les membres de la CENI ne sont pas du mĂȘme avis que son prĂ©sident par rapport Ă  la rĂ©vocation de l’autre vice-prĂ©sident qui n’a donc qu’assurĂ© ses tĂąches en livrant les informations nĂ©cessaires au grand public.

CIN identiques : Un collectif de l’opposition monte au crĂ©neau

Marc Ravalomanana, candidat ayant terminĂ© deuxiĂšme Ă  l’élection prĂ©sidentielle, Arlette Ramaroson, candidate au premier tour, Solo Norbert Andriamorasata, candidat au premier tour, Pasteur Edouard Tsarahame reprĂ©sentant de Tabera Randriamanantsoa et Mohamed Rachidy, reprĂ©sentant Hery Rajaonarimampianina ont formĂ© un collectif pour rĂ©clamer l’annulation des derniĂšres Ă©lections organisĂ©es depuis 2018 suite aux erreurs constatĂ©es et rĂ©vĂ©lĂ©es quelques jours plus tĂŽt sur la liste Ă©lectorale.

Le porte-parole du collectif, Marc Ravalomanana, a confirmĂ© qu’ils ont rĂ©ussi Ă  avoir des copies de la liste truffĂ©e d’anomalies, Ă  savoir les doublons et les numĂ©ros de cartes d’identitĂ© nationale identiques. Ces anomalies qui concernent au total 1 273 141 Ă©lecteurs (110 629 doublons et 1162 512 cartes d’identitĂ© nationale ayant les mĂȘmes numĂ©ros) reprĂ©sentent au moins 25% des suffrages exprimĂ©s lors des deux tours de l’élection prĂ©sidentielle en 2018. Ainsi, ils considĂšrent que cette Ă©lection n’a finalement pas eu sa raison d’ĂȘtre.

Pour ce collectif, « Ce n’est plus les rĂ©sultats de l’élection, ni les dĂ©cisions de la Haute cour constitutionnelle (HCC) qui posent problĂšme, mais le fond, la base sur laquelle ces dĂ©cisions ont Ă©tĂ© prises ». Ainsi, la HCC n’aurait pas pris ses dĂ©cisions en fonction de la rĂ©alitĂ©, mais sur des donnĂ©es faussĂ©es. C’est la raison pour laquelle, le collectif s’adresse Ă  la haute juridiction pour annuler, entre autres, les rĂ©sultats des Ă©lections tenues dans le pays ces derniĂšres annĂ©es.

A l’endroit des dirigeants actuels, Marc Ravalomanana a lancĂ© qu’ils ont l’obligation d’asseoir leurs pouvoirs sur une lĂ©gitimitĂ© incontestable. Il leur convient ainsi de ne pas s’en tenir aux rĂ©sultats des Ă©lections actuellement contestĂ©s aprĂšs les rĂ©vĂ©lations de la CENI au risque de se verser dans une nouvelle crise politique dans le pays, affirme-t-il. Autrement dit, le collectif interpelle les dirigeants actuels Ă  adopter profil bas et accepter de procĂ©der Ă  de nouvelles procĂ©dures visant entre autres Ă  assainir la liste Ă©lectorale.

Le collectif des candidats n’a pas non plus manquĂ© d’interpeller la communautĂ© internationale, qui, a financĂ© en grande partie toutes les Ă©lections. « Vous avez Ă©tĂ© induite en erreur. Les Ă©lections qui se sont donc dĂ©roulĂ©es dans le pays sont loin d’ĂȘtre transparentes et crĂ©dibles, parce que la CENI est passĂ©e Ă  cet aveu de dĂ©faillance honteuse », s’insurge l’ancien prĂ©sident.

Marc Ravalomanana, en tant que chef de file de l’opposition, a Ă©galement manifestĂ© sa surprise par rapport Ă  la demande de destitution du vice-prĂ©sident de la CENI, Thierry Rakotonarivo, qui a rĂ©vĂ©lĂ© l’existence de ces anomalies dans la liste Ă©lectorale. « Qu’est-ce que c’est que ça, celui qui dit la vĂ©ritĂ©, celui qui a eu le courage de dire la vĂ©ritĂ© est maintenant sur le point d’ĂȘtre destitué », s’indigne-t-il.

« J’accepte les Ă©ventuelles dĂ©cisions de la haute juridiction »

La crise gĂ©nĂ©rĂ©e par les rĂ©vĂ©lations du vice-prĂ©sident de la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (CENI) dĂ©passe l’entendement. AprĂšs avoir soutenu son lieutenant, Thierry Rakotonarivo, lors d’une confĂ©rence de presse donnĂ©e mercredi, Hery Rakotomanana, prĂ©sident de cette commission, a dĂ©posĂ© une requĂȘte demandant sa destitution le lendemain. La demande est actuellement en instance de traitement auprĂšs de la Haute cour constitutionnelle (HCC).

Les motifs de cette requĂȘte dĂ©posĂ©e par Hery Rakotomanana : faute grave et violation de serment. Faute grave parce que le vice-prĂ©sident aurait pris tout seul l’initiative de rĂ©vĂ©ler l’existence de plus d’un million de cartes d’identitĂ© nationale ayant des numĂ©ros identiques dans la liste Ă©lectorale ; violation de serment parce qu’il n’aurait pas dĂ» rĂ©vĂ©ler ces informations classĂ©es secrĂštes.

Affaibli et apeurĂ©, Thierry Rakotonarivo a dĂ©clarĂ© hier vouloir accepter les Ă©ventuelles dĂ©cisions de la haute juridiction et cette mesure prise par son prĂ©sident. Une fois de plus, il a rappelĂ© que l’objectif de cette dĂ©claration Ă©tait d’informer les citoyens sur l’existence de ces anomalies graves qui mĂ©ritent une correction. Mais visiblement, « cela ne peut ĂȘtre corrigĂ© que lorsque les citoyens en sont informĂ©s », a-t-il prĂ©cisĂ©. Mais en effectuant ce rapport complet de l’opĂ©ration de rĂ©vision annuelle de la liste Ă©lectorale, il aurait donc violĂ© le serment.

Thierry Rakotonarivo aurait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© informĂ© de ce projet de sa destitution lors d’une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des membres de la CENI tenue jeudi matin. Des sources concordantes indiquent que cette dĂ©cision fait suite Ă  la rencontre entre Andry Rajoelina et Hery Rakotomanana la veille au palais d’Iavoloha. Une rencontre que l’opposante du rĂ©gime, Fanirisoa Ernaivo, rĂ©vĂšle avoir eu lieu en prĂ©sence du prĂ©sident de la Haute cour constitutionnelle (HCC).

Depuis les rĂ©vĂ©lations de Thierry Rakotonarivo, des politiciens ont demandĂ© la destitution de tous les membres de la CENI et non seulement son vice-prĂ©sident. Mais Ă  l’allure oĂč vont les affaires nationales et le projet du rĂ©gime, cette destitution de tous les membres s’avĂšre impossible. En effet, l’exĂ©cutif envisage encore d’organiser cette annĂ©e mĂȘme, les rĂ©fĂ©rendums et les Ă©lections sĂ©natoriales. Pour leurs organisations, il faudra bien entendu une Ă©quipe bien rodĂ©e, expĂ©rimentĂ©e, mais dĂ©pourvue d’un Ă©lĂ©ment dissident.

Le bureau permanent apporte des précisions

Un rapport des forces de l’ordre Ă  la suite de l’opĂ©ration de contrĂŽle systĂ©matique et/ou inopinĂ© des armements du SĂ©nat a indiquĂ© la disparition de cinq (05) armes Ă  feu. Le rapporteur gĂ©nĂ©ral du SĂ©nat, Bruno Betiana, a expliquĂ© dans un communiquĂ© que ces informations ne sont pas fausses mais sent la manipulation. « Pour que l’opinion ne soit pas induite en erreur », il juge utile d’en apporter des prĂ©cisions au nom du bureau permanent de cette institution de la RĂ©publique.

« En effet, cinq (05) pistolets automatiques (PA) ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s disparus suivant des dates prĂ©cises, et ce, selon le rapport du directeur de sĂ©curitĂ© du SĂ©nat Ă  savoir 2 PA le 20 mars 2006 et le 22 avril 2006, 1 PA le 25 dĂ©cembre 2007 et un autre PA le 23 avril 2009 et enfin un PA le 3 octobre 2011 ». En effet, le bureau permanent du SĂ©nat « confirme et rĂ©itĂšre que depuis le dĂ©but de son mandat Ă  ce jour, aucun armement ni munition n’a fait l’objet d’une perte ».

Bruno Betina prĂ©cise que toutes ces disparitions ont Ă©tĂ© mentionnĂ©es dans les diffĂ©rents procĂšs-verbaux de passation, prĂ©cisant les nomenclatures ainsi que le nombre d’armes. Ces prĂ©cisions figurent dans les PV de passation du mercredi 4 mars 2020 entre le directeur de sĂ©curitĂ© du sĂ©nat et le chef de corps du 1er RTS. En outre, le PV de passation de juin 2018 entre le directeur de sĂ©curitĂ© sortant et le directeur de sĂ©curitĂ© entrant relate Ă©galement ces faits.

Le SĂ©nat dĂ©nonce en effet les « articles tendancieux parus dans la presse » qui ont suscitĂ© des questionnements aussi bien au sein de l’opinion publique qu’au sein des responsables militaires concernant notamment la disparition de ces armes Ă  feu.

Les ordonnances votĂ©es sans aucune modification Ă  l’AssemblĂ©e nationale

L’AssemblĂ©e nationale a tranchĂ© et a votĂ© dĂšs le deuxiĂšme jour de la session extraordinaire de 12 jours les trois projets de loi qui lui sont soumis. Le premier d’entre eux concernant la ratification des ordonnances 2019-002 du 15 mai portant loi organique modifiant et complĂ©tant certaines dispositions de la loi relative au rĂ©gime gĂ©nĂ©ral des Ă©lections et des rĂ©fĂ©rendums ainsi que la loi fixant les rĂšgles relatives au fonctionnement et modalitĂ©s d’élection et de dĂ©signation des SĂ©nateurs de Madagascar.

La premiĂšre ordonnance confirme, selon les explications des dĂ©putĂ©s, l’éventuelle tenue des rĂ©fĂ©rendums cette annĂ©e, une procĂ©dure incontournable si on veut mettre en Ɠuvre dĂšs cette annĂ©e les dispositions de la deuxiĂšme ordonnance, autrement dit, Ă©courter le mandat des sĂ©nateurs qui ne devrait expirer que vers le dĂ©but de l’annĂ©e 2021, et procĂ©der dĂšs cette annĂ©e mĂȘme aux Ă©lections sĂ©natoriales. Le prĂ©sident de la commission juridique au sein de l’AssemblĂ©e nationale, le dĂ©putĂ© d’Ampanihy Ouest, Keron IdĂ©alson, confirme que ce sont probablement les lignes d’idĂ©es Ă  suivre actuellement.

Le regroupement en un seul projet de loi de ces deux ordonnances avec celle n°2019-009 du 22 juillet modifiant et complĂ©tant certaines dispositions de la loi modifiĂ©e N°99-022 du 19 aoĂ»t 1999 portant code minier n’a pourtant pas fait l’unanimitĂ© Ă  l’AssemblĂ©e nationale. Outre les parlementaires TIM qui ont votĂ© contre la ratification de trois projets de loi qui figuraient Ă  l’ordre du jour, le dĂ©putĂ© de Sambava, Norbert Mamangy, a claquĂ© les portes de l’AssemblĂ©e nationale, dĂ©cidant de ne pas voter.

« Chaque projet de loi correspond normalement Ă  chaque ordonnance, mais pourquoi les regrouper en un seul projet de loi. Y a-t-il quelque chose qu’on veut nous cacher lĂ -dedans », se demande ce parlementaire. En effet, ces trois ordonnances sont dĂ©licates dans la mesure oĂč l’économie du pays en matiĂšre d’exploitation miniĂšre, l’avenir politique en matiĂšre constitutionnelle et l’avenir de la dĂ©mocratie en matiĂšre d’équilibre de pouvoirs entre l’ExĂ©cutif et les deux chambres lĂ©gislatives en dĂ©pendent. Or, ces trois ordonnances ont Ă©tĂ© adoptĂ©es, sans explications suffisantes.

Les autres ordonnances ratifiĂ©es Ă  l’AssemblĂ©e nationale concernent notamment le recouvrement des avoirs illicites, la politique nationale du cinĂ©ma, la crĂ©ation du fonds d’entretien routier et la crĂ©ation de l’autoritĂ© routiĂšre.

Le dĂ©putĂ© d’Ampanihy Ouest indique que la cĂ©lĂ©ritĂ© de l’adoption de ces ordonnances au niveau de l’AssemblĂ©e nationale faciliterait la navette entre les deux institutions. Il y a Ă©galement l’obligation pour certains dĂ©putĂ©s d’assister Ă  la cĂ©rĂ©monie de 8 mars dans leur circonscription Ă©lectorale respective. Ainsi, la balle est maintenant dans le camp des sĂ©nateurs concernant la ratification de ces ordonnances.

NumĂ©ro CIN identiques : Hery Rakotomanana tente d’éteindre le feu

De retour au pays, aprĂšs une mission Ă  Conakry, Hery Rakotomanana, prĂ©sident de la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (CENI) a apportĂ© hier des explications, voire des prĂ©cisions sur la liste Ă©lectorale qui a suscitĂ© de vives polĂ©miques dans le pays ces derniers jours. Le problĂšme rĂ©side, a-t-il rappelĂ©, sur la liste Ă©lectorale arrĂȘtĂ©e provisoirement le 15 fĂ©vrier dernier, il y a des diffĂ©rents noms qui ont des cartes d’identitĂ© nationale identiques. Plus d’un million d’électeurs en sont concernĂ©s.

« Les noms des Ă©lecteurs concernĂ©s par cette question ne sont pas des doublons mais plutĂŽt des noms diffĂ©rents ayant le mĂȘme numĂ©ro de carte d’identitĂ© nationale. Par consĂ©quent ce phĂ©nomĂšne n’a aucune incidence sur les scrutins organisĂ©s jusqu’ici », rassure-t-il. Il ajoute par ailleurs que « Cette situation n’est pas du tout un fait nouveau puisqu’elle a existĂ© dans le fichier Ă©lectoral depuis la refonte de la liste en 2012 ».

Sur la question selon laquelle la CENI n’avait pas pu corriger le fichier jusqu’ici, Hery Rakotomanana explique qu’ « au regard des textes en vigueur, la CENI ne peut apporter aucune correction de la liste sans la prĂ©sence de l’électeur intĂ©ressĂ©. Donc, si les Ă©lecteurs ne se prĂ©sentent pas au niveau des fokontany pour vĂ©rifier l’exactitude de la liste, les anomalies vont toujours s’y accumuler ».

Certes, lors d’un audit externe, concertĂ© avec les acteurs du processus Ă©lectoral, initiĂ© par des experts de l’OIF en 2018, il a Ă©tĂ© conclu que le fichier Ă©lectoral malgache n’est pas parfait, mais peut soutenir toutes les Ă©lections Ă  venir. Ainsi, la CENI a cru bien faire et assurer la transparence de la liste Ă©lectorale avant la tenue des Ă©lections.

Hery Rakotomanana a par ailleurs tentĂ© d’apporter les raisons de la publication de ces anomalies. « PremiĂšrement, il faut comprendre qu’aprĂšs avoir rĂ©ussi l’organisation de tous les scrutins pour mettre en place toutes les institutions de l’Etat, la CENI, tenant en considĂ©ration de toutes les critiques Ă  l’endroit du fichier Ă©lectoral a choisi de rĂ©flĂ©chir et d’y apporter une amĂ©lioration. DeuxiĂšmement, nous sommes actuellement dans le contexte de la RĂ©vision annuelle de la liste Ă©lectorale (RALE) qui a dĂ©butĂ© le 1er dĂ©cembre 2019 et sera clĂŽturĂ©e le 15 mai prochain, pour dire que si la CENI a parlĂ© de ces anomalies, c’est en phase aux contextes techniques qui prĂ©valent actuellement », dĂ©clare-t-il.

Le prĂ©sident de cet organe en charge de l’organisation des Ă©lections dans le pays a conclu que c’est dans le cadre de la transparence et dans la volontĂ© d’apporter une amĂ©lioration que cette dĂ©claration incomprise a Ă©tĂ© effectuĂ©e. La CENI sensibilise ainsi les citoyens Ă©lecteurs Ă  approcher les fokontany pour vĂ©rifier l’exactitude de leur inscription dans la liste Ă©lectorale. C’est le seul moyen actuel d’amĂ©liorer le fichier, affirme Hery Rakotomanana. Il rĂ©itĂšre que « l’existence d’électeurs ayant le mĂȘme numĂ©ro de carte d’identitĂ© nationale n’enlĂšve en rien la sincĂ©ritĂ© des scrutins. Cela ne porte pas atteinte Ă  la lĂ©gitimitĂ© de toutes les personnalitĂ©s qui sont Ă©lues jusqu’ici », insiste-t-il.

Reste tout simplement Ă  savoir si ces explications vont convaincre les acteurs politiques remontĂ©s par rapport Ă  cette situation qui ont suscitĂ© des « rĂ©actions nĂ©gatives et des critiques acerbes Ă  l’endroit de la CENI », pour reprendre les propres termes de Hery Rakotomanana.

Le gouverneur de la région Atsinanana nommé

La nomination des gouverneurs de rĂ©gions arrive au compte-goutte. AprĂšs celles de Vakinankaratra et de Vatovavy Fitovinany, quelques semaines plus tĂŽt, c’est la rĂ©gion Atsinanana qui a actuellement son gouverneur. Richard ThĂ©odore Rafidison, un diplĂŽmĂ© de l’universitĂ© d’Antananarivo en gestion des risques et des catastrophes, est nommĂ© gouverneur de rĂ©gion d’Atsinanana, portant ainsi Ă  14 sur 22 le nombre des gouverneurs des rĂ©gions nommĂ©s jusqu’à ce jour.

Il reste encore 8 postes vacants Ă  la tĂȘte de ces collectivitĂ©s dĂ©centralisĂ©es. Pour l’instant, ces rĂ©gions sont prĂ©sidĂ©es par des intĂ©rimaires depuis le limogeage gĂ©nĂ©ralisĂ© des 22 chefs de rĂ©gion de Madagascar au mois de mars 2019. Vers la fin du mois de janvier, dans le cadre de l’atelier- bilan des Ă©lections tenues dans le pays ces derniĂšres annĂ©es, le prĂ©sident de la Haute cour constitutionnelle (HCC), Jean Eric Rakotoarisoa avait par ailleurs dĂ©jĂ  recommandĂ© l’élection des gouverneurs conformĂ©ment Ă  la loi en vigueur.