Tirs croisĂ©s accablants Ă  l’endroit de la CENI

L’alliance des partis de l’opposition (RMDM) a rĂ©agi hier sur la polĂ©mique de la dĂ©couverte d’un million de cartes d’identitĂ© nationale ayant les mĂȘmes numĂ©ros inscrits dans la liste Ă©lectorale. Cette plateforme qui s’est davantage renforcĂ©e avec l’arrivĂ©e du HVM dans son rang a notamment exigĂ© la dissolution de la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (CENI) et le renouvellement de ses membres en plus d’une demande d’annulation de tous les rĂ©sultats des Ă©lections tenues dans le pays depuis 2018.

MĂȘme son de cloche de la part du Parti social dĂ©mocrate (PSD) qui dans un communiquĂ© demande un grand rassemblement d’urgence de tous les candidats ayant postulĂ© aux diffĂ©rentes Ă©lections tenues dans le pays. Cette formation politique interpelle notamment la Haute cour constitutionnelle (HCC) et lui demande d’annuler les rĂ©sultats des Ă©lections organisĂ©es sur le sol malgache depuis 2018.

Visiblement, les explications apportĂ©es par le vice-prĂ©sident de la CENI, Thierry Rakotonarivo qui avait indiquĂ© que ces « anomalies n’avaient pas impactĂ© les rĂ©sultats des Ă©lections », n’étaient pas convaincantes. Ce mercredi, cet organe en charge de l’organisation des Ă©lections dans le pays tentera une nouvelle fois, en confĂ©rence de presse, de « jouer le pompier » sur l’incendie qu’il a lui-mĂȘme dĂ©clenchĂ©.

Pour le candidat au premier tour de la présidentielle, Paul Rabary, la déclaration « bizarre » de la CENI est une honte pour la nation. Raison pour laquelle, il réclame comme tous les autres politiciens du pays, la dissolution et le renouvellement des méthodes de travail de la CENI afin de garantir la stabilité politique que Madagascar a eu du mal à trouver depuis la crise politique de 2009.

« Cela ne date pas d’aujourd’hui », selon Thierry Rakotonarivo

La question d’un million de cartes d’identitĂ© nationale (CIN) ayant les mĂȘmes numĂ©ros inscrites dans la liste Ă©lectorale reste encore d’actualitĂ©. Face aux polĂ©miques que sa rĂ©vĂ©lation a faites dans le microcosme politique national, le vice-prĂ©sident de la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (CENI), Thierry Rakotonarivo, a apportĂ© des prĂ©cisions hier. « Cela ne date pas d’aujourd’hui et encore moins de 2018 ou les deux tours de l’élection prĂ©sidentielle, mais bien avant, sous les rĂ©gimes qui se sont succĂ©dé  », a-t-il dĂ©clarĂ©.

Dans ses prĂ©cisions, ce numĂ©ro deux de la CENI a ajoutĂ© que ces anomalies n’auraient eu aucune consĂ©quence sur le nombre des Ă©lecteurs et aucune interfĂ©rence sur le choix des Ă©lecteurs, donc les rĂ©sultats des Ă©lections. Avec une carte d’identitĂ© ayant le mĂȘme numĂ©ro ou non, chaque Ă©lecteur a fait son choix et personne n’a Ă©tĂ© obligĂ© de voter pour un candidat prĂ©cis, explique Thierry Rakotonarivo, oubliant certainement qu’il s’agit avant tout des anomalies et donc des irrĂ©gularitĂ©s.

Pour leur part, les dirigeants actuels tentent de se dĂ©douaner de toute responsabilitĂ© dans cette situation. Rinah Rakotomanga, directrice de communication de la prĂ©sidence a entre autres expliquĂ© hier sur une chaĂźne de tĂ©lĂ©vision privĂ©e de la capitale que la liste Ă©lectorale utilisĂ©e lors de la prĂ©sidentielle de 2018 a Ă©tĂ© clĂŽturĂ©e le 15 mai de la mĂȘme annĂ©e. Elle a donc Ă©tĂ© conçue par le rĂ©gime en place Ă  l’époque, autrement dit le HVM. Pareillement, les membres actuels de la CENI ont Ă©tĂ© mis en place par l’ancien rĂ©gime et Andry Rajoelina, dĂšs le premier tour de l’élection prĂ©sidentielle, avait dĂ©jĂ  rĂ©clamĂ© l’audit des logiciels utilisĂ©s par la CENI, a rappelĂ© Rinah Rakotomanga.

En tout et pour tout, les partisans du rĂ©gime actuel pointent du doigt le rĂ©gime HVM. Rinah Rakotomanga a accusĂ© particuliĂšrement l’ancien Premier ministre de l’époque, Olivier Mahafaly Solonandrasana qui Ă©tait Ă  la fois chef du gouvernement et ministre de l’IntĂ©rieur et de la dĂ©centralisation. Il avait, dit-elle, le pouvoir de tout faire pour tenter de manipuler les rĂ©sultats des Ă©lections. D’autant plus qu’il s’est prĂ©sentĂ© Ă  la prĂ©sidentielle de 2018.

De leur cĂŽtĂ©, les tĂ©nors du HVM indiquent qu’il Ă©tait temps pour le rĂ©gime actuel de mettre la lumiĂšre sur cette situation. « C’est trĂšs grave qu’on ne puisse plus se fier Ă  la carte d’identitĂ© nationale », a dĂ©clarĂ© Rivo Rakotovao. Avec le secrĂ©taire national du parti, Mohamed Rachidy, il demande ainsi Ă  ce que l’Etat ouvre une enquĂȘte sur cette situation pour que la vĂ©ritĂ© soit connue et rendue publique. Ces responsables de l’ancien rĂ©gime interpellent Ă©galement les candidats des prĂ©cĂ©dentes Ă©lections tenues dans le pays Ă  rĂ©agir en argumentant que c’est le pouvoir suprĂȘme des citoyens qu’on bafoue actuellement.

Cet appel n’a pas tardĂ© de faire des Ă©chos auprĂšs de l’ancien prĂ©sident de la RĂ©publique, Marc Ravalomanana. En effet, le prĂ©sident national du TIM et non moins candidat malheureux du deuxiĂšme tour de la prĂ©sidentielle, envisagerait de demander une annulation des rĂ©sultats des Ă©lections suite Ă  ces rĂ©vĂ©lations de la CENI. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de ce parti de l’opposition, Rina Randriamasinoro, lui dĂ©clare que ces rĂ©vĂ©lations n’étaient pas fortuites. Le TIM a toujours dĂ©noncĂ© ces anomalies et voilĂ , la vĂ©ritĂ© Ă©clate ainsi au grand jour, affirme-t-il.

La question est de savoir pourquoi ces anomalies n’ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© que la semaine derniĂšre et non avant la tenue des Ă©lections successives dans le pays, d’autant plus que le vice-prĂ©sident de la CENI indique que ces irrĂ©gularitĂ©s ne datent pas d’hier.

Bilan mitigĂ© de l’ExĂ©cutif selon les politiciens

Lors de l’émission tĂ©lĂ©visĂ©e « Don-dresaka » hier sur la chaĂźne TV Plus, les invitĂ©s ayant fait une bilan sommaire de la premiĂšre annĂ©e de la prĂ©sidence de Andry Rajoelina, dressent un bilan plutĂŽt mitigĂ© de l’ExĂ©cutif.

Le vice-prĂ©sident de l’AssemblĂ©e nationale de la province de Fianarantsoa, Jean Brunelle Razafitsiandraofa affirme que « Le prĂ©sident de la RĂ©publique veut aller trop vite, mais son Ă©quipe ne suit pas le rythme ». Il ajoute qu’il serait mieux que «  c’est celui qui a fait la conception qui s’occupe de la rĂ©alisation ». Le dĂ©putĂ© de Madagascar Ă©lu sous la banniĂšre de la plateforme avec Rajoelina reste nĂ©anmoins optimiste en dĂ©clarant que le mandat du prĂ©sident de la RĂ©publique dure encore 5 ans.

Pour sa part, le coordonnateur gĂ©nĂ©ral du TIM, Jean Claude Rakotonirina explique que le bilan de l’ExĂ©cutif doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© annuellement par rapport au programme Ă©laborĂ©. Pour ce membre du parti de l’opposition, le bilan de la premiĂšre annĂ©e d’Andry Rajoelina serait nĂ©gatif, parce qu’il est faussĂ© dĂšs le dĂ©part Ă  cause de la fusion des ministĂšres et la mise en place des structures. Pendant toute une annĂ©e, l’ExĂ©cutif a perdu tout son temps Ă  mettre en place une structure
 pourtant dĂ©faillante, regrette-t-il.

Rina Andriamandavy, sĂ©nateur du HVM, a quant Ă  lui affirmĂ© que le problĂšme rĂ©side dans la confusion entre le Programme gĂ©nĂ©ral de l’État (PGE) qui aurait Ă©tĂ© inspirĂ© de l’Initiative pour l’Émergence de Madagascar (IEM) et le projet de sociĂ©tĂ© d’Andry Rajoelina lors de sa campagne Ă©lectorale ainsi que le Plan Ă©mergence de Madagascar (PEM) qui devait ĂȘtre le plan d’exĂ©cution de cette initiative. « Un an aprĂšs l’installation du rĂ©gime en place, ce PEM n’est pas encore mis en place et cela signifie un Ă©chec total pour le gouvernement  », dĂ©clare-t-il.

Plus de 1 270 000 erreurs dans la liste électorale révisée

1 162 512 d’électeurs, inscrits dans la liste Ă©lectorale, sont dotĂ©s d’un numĂ©ro de carte d’identitĂ© nationale identique. La Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (CENI) a rĂ©vĂ©lĂ© hier cette situation inquiĂ©tante. Ce, lors de la prĂ©sentation des rĂ©sultats complets de l’opĂ©ration de rĂ©vision de la liste Ă©lectorale qui a commencĂ© au dĂ©but du mois de dĂ©cembre 2019. Elle rĂ©vĂšle par ailleurs l’existence de 110 629 doublons dans cette liste Ă©lectorale aprĂšs la clĂŽture provisoire.

Ainsi, la liste Ă©lectorale reste truffĂ©e d’erreurs comme les politiciens, les Ă©lecteurs et les organisations de la sociĂ©tĂ© civile l’avaient signalĂ© depuis les deux tours de l’élection prĂ©sidentielle. La CENI qui se dit ne pas responsable de cette situation estime que les opĂ©rations de saisie est en partie en cause dans cette situation. MalgrĂ© tout, les membres de cet organe en charge de l’organisation des Ă©lections dans le pays indiquent qu’ils sont dĂ©jĂ  Ă  pied d’Ɠuvre pour tenter de rĂ©soudre ce problĂšme.

Concernant particuliĂšrement les doublons, la CENI estime que cela est Ă  cause du changement de domicile d’un Ă©lecteur d’un fokontany Ă  un autre sans qu’il procĂšde aux dĂ©marches officielles prĂ©vues Ă  cet effet. Il arrive en effet que l’électeur est inscrit Ă  la fois dans son ancien fokontany comme dans celui de sa nouvelle rĂ©sidence.

Concernant ces diffĂ©rents noms qui disposent le mĂȘme numĂ©ro de carte d’identitĂ© nationale ou encore les doublons, la CENI indique avoir dĂ©jĂ  remis les noms qui reviennent le plus souvent auprĂšs des fokontany. Elle lance ainsi un appel au prĂ©sident des fokontany pour sensibiliser la population Ă  effectuer de minutieuses vĂ©rifications afin de permettre de retrancher ces noms qui reviennent et ces numĂ©ros identiques afin d’assainir la liste Ă©lectorale.

Pour les autres vĂ©rifications, sur les Ă©ventuelles erreurs concernant entre autres les informations sur les Ă©lecteurs inscrits sur la liste, (noms, prĂ©noms, adresse etc
.) la CENI indique qu’elle retournera la liste auprĂšs des fokontany au plus tard le 10 mars et les Ă©lecteurs auront 20 jours pour les corriger. Cette liste sera ainsi officiellement clĂŽturĂ©e le 15 mai prochain et devrait servir aux prochaines Ă©lections qui auront lieu cette annĂ©e dans le pays bien que personne ne sache pour l’instant la nature de ces futures Ă©lections.

La CENI a par ailleurs rĂ©vĂ©lĂ© que le nombre des Ă©lecteurs inscrits dans la liste Ă©lectorale actuelle a connu une augmentation de 2,61%. En effet, 412 151 nouveaux Ă©lecteurs, des citoyens ayant atteint l’ñge de la majoritĂ© ont Ă©tĂ© inscrits dans cette liste grĂące Ă  la rĂ©vision annuelle de la liste Ă©lectorale. Ceci porte ainsi Ă  10 568 400 le nombre des inscrits dans la liste Ă©lectorale.

Soixante-dix cas positifs au Covid-19

La barre des soixante-dix cas franchie. Madagascar a enregistrĂ© soixante-dix (70) cas positifs au Covid-19, selon le prĂ©sident de la RĂ©publique, Andry Rajoelina, dans son intervention radiodiffusĂ©e et tĂ©lĂ©visĂ©e Ă  la nation, hier. Onze nouveaux cas ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s, de jeudi aprĂšs-midi jusqu’à l’heure oĂč le Chef de l’Etat a pris la parole, hier vers la soirĂ©e.

« Parmi ces nouveaux cas, cinq sont Ă  Antananarivo, dont quatre cas contacts, et les six autres Ă  Fianarantsoa, qui sont tous des cas contacts (voir l’article correspondant) », a citĂ© le prĂ©sident de la rĂ©publique.

Il a ainsi indiquĂ© qu’ : « une jeune fille en contact avec le touriste Ă©tranger qui s’est dĂ©placĂ© un peu partout dans l’Ile, est parmi les contaminĂ©s. Ce touriste a fait un don Ă  Ambatomanga avec cette jeune fille qui s’est par la suite trouvĂ©e positive au Covid-19 ».

« Les six nouveaux cas enregistrés sont des cas contacts, tous de nationalité malgache, dont un homme de 49 ans, un adolescent de 16 ans, un homme de 47 ans, un jeune homme de 19 ans, une adolescente de 14 ans et une fille ùgée de 20 ans » a révélé hier à 13 heures, la professeure Hanta Marie Danielle Vololontiana, porte parole du Centre de commandement opérationnel de lutte contre le Covid-19 (CCO-Covid-19).

Descente de brigades

Plusieurs villes et rĂ©gions sont dĂ©jĂ  touchĂ©es par le virus parmi lesquelles Analamanga, Toamasina, Ambatomanga, Antsirabe, Antsiranana, Morondava, Fianarantsoa et Nosy Be. « Pour juguler la propagation de la maladie et surtout la transmission rapide des cas contacts, des brigades sanitaires effectueront des descentes dans tous les lieux d’identification des cas contacts. Par exemple, aujourd’hui (ndlr : hier), une descente a Ă©tĂ© faite Ă  Tetezan’i Bekiraro, Isotry, oĂč un enseignant d’un lycĂ©e d’Antananarivo a Ă©tĂ© contaminĂ© en recevant chez lui un couple mixte porteur du virus, un Ă©tranger et une Malgache. Les personnes en contact avec cet enseignant ont toutes Ă©tĂ© ainsi testĂ©es », a expliquĂ© le Chef de l’Etat.

Ainsi, deux cent trente-cinq (235) personnes ont été testées au test rapide lors de la descente dans ce quartier, mais les tests se sont tous avérés négatifs, selon encore Andry Rajoelina. Une opération de désinfection a par ailleurs été effectuée dans ce quartier, hier.

« Une descente des brigades sanitaires est prĂ©vue pour Ambatomanga et Fianarantsoa, et pour tous les endroits oĂč des cas contacts ont Ă©tĂ© identifiĂ©s, avec des enquĂȘtes sur toutes les personnes en contacts avec les malades », a poursuivi le prĂ©sident.